[Rentrée Littéraire] L’indolente, le mystère Marthe Bonnard – Françoise Cloarec

Cette semaine, on poursuit notre exploration de la rentrée littéraire. Le deuxième livre que j’ai pu lire dans le cadre de l’opération avec Lecteurs.com, c’est L’indolente, le mystère Marthe Bonnard écrit par Françoise Cloarec paru aux éditions Stock. Je les remercie donc pour cette lecture. Quand j’ai lu le résumé, je me suis dit que ce livre pourrait bien me plaire car il s’attarde sur la muse de Pierre Bonnard, un peintre français du début du XXe siècle. On plonge donc en commençant le livre en plein Paris bohème et c’est très exaltant.

Résumé : Qui est Marthe Bonnard ?
Toujours jeune, souvent nue, on la voit sur les toiles des plus beaux musées du monde, pourtant elle reste mystérieuse. Elle se dissimule dans la lumière du peintre Pierre Bonnard, avec qui elle partage sa vie entre 1893 et 1942. Durant cette période, le couple voyage beaucoup, au rythme de la santé fragile de Marthe, et noue des amitiés dans le monde de l’art Monet, Vuillard, Signac, Matisse…
Derrière les couleurs, le « peintre du bonheur » cache ses fantômes et ceux de sa femme. Ensemble ils n’auront pas d’enfant, mais ils feront une oeuvre.
À la mort de Pierre, veuf depuis cinq ans, leur histoire d’amour déclenchera une affaire judiciaire retentissante, émaillée de divers rebondissements. Car l’orpheline qui se disait être Marthe de Méligny avait une famille et un autre nom. (lecteurs.com)

Plongée dans le Paris bohème

Avec L’indolente, Françoise Cloarec nous fait remonter le temps vers une époque où la vie d’artiste était la plus romantique et faisait rêver. Direction l’atelier de Pierre Bonnard, un peintre maniant les couleurs avec une originalité toute personnelle. On le découvre. Parce que je connaissais Ma-tisse, Picasso, Monet, Manet, etc… Mais Pierre Bonnard, je n’en avais jamais entendu parler. Grâce à ce livre, j’ai pu découvrir un peintre atypique, qui ne suivait aucun mouvement artistique, et bien que cela lui ait été reproché, je l’admire pour ça. Difficile de ne pas suivre une mouvance, encore plus à l’époque où l’art était si foisonnant. J’ai également découvert une histoire d’amour, pure, totale, passionnelle. Marthe Bonnard et Pierre Bonnard, ce fut le coup de foudre.

Le livre de Françoise Cloarec, le titre nous en informe, tourne autour de cette mystérieuse Marthe Bonnard. Mystérieuse car elle ne donne pas son vrai nom à Pierre lorsqu’ils se rencontrent et qu’elle ne lui parlera jamais de cette autre femme qu’elle était (et qu’elle est toujours un peu) avant de le rencontrer. Étrange. C’est ce mystère que tente de résoudre l’auteure à travers les pages, égrainant au fur et à mesure les années du Paris du début du XXe siècle.

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Une narration particulière et perturbante

Difficile de retranscrire une biographie quand on a si peu d’information sur la personne à qui l’on cherche de reconstruire une vie. C’est le cas avec Marthe Bonnard. Les recherches ont été compliquées et cela se sent. Les premières pages sont écrites d’un style saccadé, épuré avec de belles phrases. Les mots assemblés sont beaux. Et pourtant, cela ne suffit pas. L’auteure commence à semer des moments de ses recherches, au milieu d’une reconstitution, parfois complètement imaginée.

A cause de ces passages, j’ai eu beaucoup de mal à me laisser porter par l’histoire. Est-ce que les moments de récits sont totalement fantasmés ? Quelle part de vérité y’a-t-il dedans ? Je me suis posée de nombreuses fois ces questions dans la deuxième moitié du livre. Je n’arrivais pas à basculer soit dans une reconstitution historique pure, soit dans une biographie romancée. J’ai eu l’impression que l’auteure elle-même avait eu du mal à choisir au moment de la rédaction. Dommage, parce que tous les ingrédients sont là : le mystère, le Paris bohème, la vie d’artiste. Tout ce que j’aime. Reste ce sentiment d’indécision.

Sentiment d’indécision accentué par la frustration car qui est réellement Marthe Bonnard ? La question reste en suspend. Car il n’y a pas de sources historiques pour. Alors pourquoi ne pas inventer, romancer ? Comme d’autres parties du livre ?

Cependant, la conclusion du livre est intéressante car si l’auteure n’a pas vraiment trouvé de réponse à sa question : le mystère Marthe Bonnard, elle en a trouvé une autre. L’existence de cette femme, étrange et un peu oubliée, aura eu le mérite de servir à quelque chose (et je vous laisse découvrir à quoi dans le livre).

Lire ou ne pas lire : L’indolente de Françoise Cloarec ?

Je ne me suis pas ennuyée en lisant ce livre. On en apprend énormément sur un peintre qui n’est pas si connu par les non-spécialistes et j’ai découvert des tableaux superbes hantés par cette muse, Marthe Bonnard. Je regrette un peu cette balance fréquente entre histoire et histoire romancée mais je sais ce qu’est une recherche historique et ce n’est vraiment pas la chose la plus simple du monde. Cela prend énormément de temps et d’énergie et rien que pour ça, je salue le bel effort de Françoise Cloarec qui nous offre une bibliographie dense et extrêmement fournie.

Je conseille donc ce livre, particulièrement aux amateurs de peinture et à ceux qui trouve le Paris bohème si romantique. Vous ne pourrez pas être déçus.

Ma note : 15/20

6 réflexions sur “[Rentrée Littéraire] L’indolente, le mystère Marthe Bonnard – Françoise Cloarec

  1. Un roman qui a tout pour me plaire, je note mais je garde en tête tes bémols, un peu fâcheux tout de même que l’auteure n’est pas en effet inventé les blancs laissés par l’histoire

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  2. on écrit et depuis des siècles plutôt égrener qu’égrainer mais en aucun cas en suspend mais en suspens ( qui ne vient pas du verbe suspendre mais de suspensus signifiant incertain ; par ailleurs j’ai beaucoup aimé le livre de Mme Cloarec dont j’avais déjà particulièrement apprécié  » de père né légalement inconnu  » ; il est vrai que je me souvenais avoir pendant mon cours de licence de droit des régimes matrimoniaux étudié la jurisprudence Bonnard comme celle Picabia ( les peintres aux vies souvent compliquées ont eu des histoires judiciaires fameuses ) ; enfin il faut se rendre au charmant musée Bonnard du Cannet où il a vécu et fini ses jours

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