Je remercie les éditions Magic Mirror pour la lecture de leur nouveau roman en tant qu’Agent du Miroir cette année.
Dès les premières annonces faites par Magic Mirror à propos de cette nouvelle publication, j’ai été très enthousiaste. Il faut dire que la couverture de Mina M est particulièrement réussie et en plus de ça, le conte revisité me plaisait énormément. Forcément, je trépignais de découvrir ce qu’Annabelle Blangier avait pu tirer du Joueur de Flûte de Hamelin des frères Grimm. Sans être un coup de cœur (il va falloir que j’apprenne à modérer sérieusement mes ardeurs et mes attentes…), l’autrice nous propose un développement intéressant à l’histoire d’origine.
Résumé : Aucun village n’est aussi paisible que Hamelin. Conduits par un maire juste et protecteur, les habitants s’épanouissent en toute sérénité. Seule Lore, petite-fille du couple dirigeant, demeure frustrée de l’embargo posé sur la musique par son grand-père. Mais l’arrivée en ville d’un jeune virtuose pourrait bien faire imploser les règles sclérosées. Au rythme des cours de musique clandestins qu’il donne à Lore, Raffael va peu à peu remuer le passé inavouable de Hamelin. À mesure que les désirs de vengeance s’exacerbent et que la mélodie du violon envoûte les cœurs, les masques tombent et le village plonge dans une spirale de violence sans précédent. Lore, comme chaque habitant, sera mise face à un dilemme insoutenable. Saura-t-elle choisir entre le devoir moral qui lui incombe et la tentation du châtiment qui la ronge ?
L’histoire est un peu lente à se mettre en place et c’est dommage. Il m’a bien fallu une centaine de pages pour découvrir que l’intrigue était plus profonde qu’elle ne paraissait. Au début, Lore est vraiment très superficielle à vouloir à tout prix son musicien au bal pour écouter de la « vraie » musique et tenter de fuir son mariage arrangé à venir. Il manque sans doute quelques indices pour susciter l’intérêt, pousser le lecteur à se dire qu’il y a bien plus. Heureusement, tout s’accélère après cela et l’on découvre complot, manipulation et intrigue politique saupoudrés d’une bonne dose de vengeance et de cruauté. J’ai aimé retrouvé l’aspect dur et humain que l’on a toujours dans les contes de Grimm et c’est d’ailleurs une des principales qualités du roman : l’on glisse d’un univers presque artificiel et lisse à une obscurité et une cruauté cette fois presque bestiale. Le Musicien porte en lui cette évolution de l’histoire. On ne sait rien de lui au début, ou en tout cas seulement l’image qu’il veut donner de lui-même, pour le découvrir lentement jusqu’à la résolution de l’intrigue.
Étrangement, mon personnage préféré est celui d’Angelika, l’aubergiste. Un personnage totalement secondaire mais auquel je me suis attachée peu à peu jusqu’à être frustrée qu’elle ne soit pas plus présente. Elle a énormément de caractère et une présence à elle seule dans tous le roman à chacune de ses apparitions, on sent de la bonté pure et de la force. (Mais si les excellents personnages secondaires ont tendance à frustrer les lecteurs, les auteur.ice.s peuvent s’amouracher de ceux-là bien qu’ils ne puissent être que secondaire pour l’histoire.) Au contraire, d’autres personnages auraient pu disparaître ou fusionner pour plus de lisibilité comme les deux amies de Lore. Je pinaille sans doute et c’est avec un point de vue extérieur que je me permets cette réflexion mais voilà, l’auteur.ice ne voit pas lui même ce genres de détails. Quant aux personnages principaux, j’ai beaucoup apprécié le Musicien (de toute façon, les mystérieux, j’aime toujours!) qui se dévoile peu à peu. Le twist plot est intéressant, je ne m’en suis doutée que quelques pages avant la révélation même si cela semble parfaitement logique, mon esprit était tourné vers d’autres aspects de l’intrigue à ce moment-là ce qui permet à la révélation de faire quand même son petit effet.
Si le début est un peu longuet, le dénouement est un véritable feu d’artifice bien écrit et bien mené par l’autrice. J’ai pris beaucoup de plaisir à la fin de ma lecture où la tension dramatique est à son paroxysme. Cela rend de fait le roman un peu inégal pour le lecteur mais on trouve bel et bien un déroulement de l’intrigue qui va crescendo. Et l’essentiel est souvent de terminer en beauté ce qui est réussi pour le coup !
Lire ou ne pas lire : Le Musicien d’Annabelle Blangier ?
Si vous aimez les contes de Grimm et que vous êtes curieux, vous pouvez vous laisser tenter par Le Musicien d’Annabelle Blangier. Malgré des coquilles (un chouilla trop) et quelques erreurs, j’ai apprécié plonger dans cet univers intemporel typique aux contes. Entre vengeance, complots et manipulations, l’autrice nous offre une jolie interprétation du joueur de flûte de Hamelin. J’ai pu trouver de belles qualités à ce roman comme le personnage du Musicien sur lequel repose l’intrigue, le rappel à l’humain (ses qualités et ses défauts) que l’on retrouve chez Grimm et l’aubergiste qui apporte bien de la douceur à l’histoire.