LoveStar – Andri Snaer Magnason : science-fiction métaphysique

IMG_20180215_163343_224Cela faisait longtemps que je ne vous avais pas proposé de chronique littéraire. Il est temps de remédier à cela et comme promis je vous fais part de mon avis sur LoveStar de Andri Snaer Magnason. Un roman de science-fiction qui non content de poser les bases d’un univers régi entièrement par la publicité, propose également une vision de la vie, l’amour, de la mort (et par extension, de dieu). J’ai rarement de coups de cœur en science-fiction car le côté magie qui me transporte n’est par définition pas dedans mais je dois dire que j’apprécie toujours les questions existentielles qu’ils peuvent soulever pour certains et on peut dire que j’ai été servie avec LoveStar.

Grand Prix de l’imaginaire 2016 – Roman étranger

Résumé : LoveStar, industriel génial et visionnaire, a bâti sa fortune sur un système de communication inspiré des oiseaux migrateurs, libérant pour toujours l’humanité du carcan de l’électronique. Et ce n’était que le premier jalon de son empire. Entre autres inventions révolutionnaires, REGRET vous permet de rembobiner vos enfants, inLove calcule votre âme soeur sans erreur possible, et avec LoveMort vous pouvez offrir à vos concitoyens le spectacle grandiose de votre corps changé en étoile filante. Indridi et Sigidur filaient le parfait amour, jusqu’au jour où Sigidur reçoit sa lettre d’inLove : ça y est, le système a trouvé son seul et unique… mais ce n’est pas Indridi !

Une société de sur-consommation

Sur la base des inventions d’un savant fou, Andri Snaer Magnason nous propose avant tout de découvrir une société extrême. Etant très sensible à la consommation, que ce soit la mienne (je réfléchis à chaque achat non indispensable par exemple), ou celle de la planète et du mouvement global de l’humanité, j’ai particulièrement été écœurée par ce que l’auteur décrit (et sans aucun doute condamne). La publicité a envahit le quotidien, à tel point que l’humain est bombardé sans discontinuer par des spots commerciaux tout au long de la journée, ciblés en plus de ça pour correspondre à chaque groupe d’individu afin d’être certain à 99,9% de provoquer l’achat. Autant vous le dire tout de suite : la journée du Black Friday en octobre dernier m’a totalement traumatisé, j’ai résilié 95% de mes newsletters et je supporte de moins en moins la pub où quelle soit car je me mets à l’analyser (quel public elle vise ? le message est-il pertinent ? abusif ? équilibré ? Me prend-on pour une courge ? Oui ? Non ? Sbravaradjan ?) Alors oui, ce livre, cette société décrite m’a parlé. Et elle m’a dit que c’était définitivement un truc que je détesterai. Cela dit, l’univers est intéressant car justement l’auteur dénonce une certaine dérive vers le « too much » question publicité et j’ai apprécié son propos.

Les questions de toute une vie, de toutes les vies

En parallèle de cet univers qui situe particulièrement bien le lecteur, Andri Snaer Magnason s’attache aux trois questions fondamentales de l’être humain : la vie (autrement dit, la naissance), l’amour et la mort. Le personnage du savant fou s’attache à développer des « produits consommables » pour chacune de ces trois domaines.

Tout d’abord : les naissances. Il est possible de « rebooter » un enfant jusqu’à un certain âge s’il n’est pas conforme dans son comportement à ce que les parents attendent. Il y a trois essais, trois éprouvettes contenant exactement le même ADN. Autant dire que si vous foirez l’éducation du premier, pas de soucis, vous pouvez vous rattraper. Je n’ai pas besoin de vous dire à quel point cela semble incroyable et éthiquement discutable.

Ensuite : l’amour. Le savant fou met au point un programme qui trouve votre âme sœur. Pratique pour certains. Mais quid de la spontanéité ? De l’évolution des goûts et de la mentalité ? Des circonstances de vie tout simplement ? De la beauté d’une rencontre ?… Les deux personnages que nous suivons dans le roman en font les frais et il est bien difficile d’aller contre le système…

Puis : la mort. Une nouvelle fois, le savant fou a une idée. Plus de cimetières, on envoie les défunts dans les étoiles dans des capsules et se transforment en étoiles filantes. En soi, l’idée est poétique. C’est sans doute l’idée la moins scandaleuse en terme d’éthique du roman.

Enfin : se pose la question de Dieu. Et c’est une évidence, l’auteur ne s’engage pas dans une réponse mais le savant fou se met bien en quête de cette entité qui transcende les âmes en cherchant l’endroit où vont les prières de l’humanité. Car oui, il l’a découvert : les prières vont bien quelque part.

Lire ou ne pas lire : LoveStar de Andri Snaer Magnason ?

Pour tout dire, je suis assez conquise par ce livre. Sans être un coup de cœur, je pense que c’est un livre dont je me souviendrai longtemps car il pose des questions et fait réfléchir à des choses fondamentales. C’est peut-être pour ça que le livre à reçu un prix : il parle forcément à tout un chacun. Tout le monde à son opinion, sa vision de la vie/l’amour/la mort/Dieu, et chacune de ces visions est différente et peut s’enrichir d’autres raisonnements. C’est bien là tout l’intérêt de la philosophie et de la métaphysique.
J’ajouterai que même s’il s’agit d’un roman de science-fiction, le vocabulaire employé (notamment due aux sujets traités) n’a rien d’incompréhensible comme parfois dès que l’on aborde le cyberpunk et la robotique. L’écriture est fluide, simple tout en développant un contenu d’un intérêt certain. Un très bon livre que je recommande aux amateur.ice.s de science-fiction et celleux qui aiment parfois se questionner sur les grandes énigmes de l’humanité.

N’hésitez pas à aller lire d’autres chroniques : Un Rat des villes

Si vous l’avez déjà lu, je suis bien curieuse de connaître votre avis aussi ? C’est le genre de livres qui amène forcément des discussions. Et si non, avez-vous l’intention de le lire ?

16 réflexions sur “LoveStar – Andri Snaer Magnason : science-fiction métaphysique

  1. Oula toutes ces idées font froid dans le dos… Mais j’avoue que la réflexion derrière me parait attirante! Peut-être que quand je serais dans une période de meilleure confiance dans l’humanité je tenterais de le lire ^^

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    • Ahah bon courage alors, je crois que j’ai abandonné d’avoir meilleure confiance en l’humanité de mon côté lol ^^ »
      Mais effectivement, les réflexions amenées par Magnuson sont vraiment intéressantes !

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  2. Et bien ! Je ne connaissais pas du tout mais tout ce que tu décris m’intéresse beaucoup (je me retrouve d’ailleurs assez dans tes réflexions sur la consommation et la pub). Je me le note, merci beaucoup 🙂

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    • Tu ne l’as pas lu ? En effet, je te le conseille il va te plaire je pense 😀 (tu vas un peu tiquer avec l’univers, comme moi du coup, mais c’est intéressant et permet de voir vers quels abus la société peut se diriger ^^)

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    • XD je vends toujours bien les romans que j’aime ! Non mais en vrai oui il est très intéressant par rapport aux sujets traités et le fait que son écriture soit abordable par les lecteurs de tous genres.

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  3. HYper envie de le lire grâce à cette chronique ! J’adore la SF et surtout quand elle aborde ce genre de sujets universels (vie, amour, mort) ou contemporains (publicité et dérives du système capitaliste) Je l’ajoute DIRECT à ma PAL 🙂

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  4. Il t’aura plus marquée que moi, je pense, et ça ne me surprend pas que ce soit des thématiques qui te parlent, d’autant plus qu’il y a tout de même une belle part à la romance dans ce livre. Je dois dire que l’histoire des deux héros est touchante, face à une société horriblement déshumanisante !
    Quant aux pubs, tu les sbradaradjan dans l’grenier ! 😉

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    • C’est drôle parce que autant j’ai trouvé les deux amoureux sympathiques, autant ce n’est pas ce qui m’a attiré le plus dans ce livre par contre. Je l’ai plutôt vu comme un prétexte pour développer les thématiques (et idées farfelues de Lovestar)
      Ahah ouai hop au placard.

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  5. Ce n’est pas ce que j’ai envie de lire en ce moment. C’est surtout qu’il y a pas mal de romans qui tournent autour de ces mêmes thématiques et j’ai envie de lire autre chose.

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  6. Normalement, je ne touche pas à ce genre de livres, mais j’avoue que l’intrigue de cette histoire de science-fiction ne me laisse pas indifférente. Tu as de très bons goûts littéraires.

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