Comme je vous l’avais dit en début d’année de mes volontés pour le blog, on se retrouve aujourd’hui pour parler de Virginia Woolf. Une auteure dont je ne connaissais que le nom avant de plonger dans deux livres qui m’ont énormément rapprochée d’elle. Et pour cause, j’ai choisi de lire un des ses romans les plus connus : Mrs Dalloway, une lecture vraiment étrange entre génie et folie, je me suis longtemps posée la question même après avoir refermé le livre. J’ai poursuivi ma découverte avec l’essai de Carole d’Yvoire : Je te dois tout le bonheur de ma vie, Leonard & Virginia Woolf. Une étude qui croise les lettres de Leonard Woolf et Virginia Stephen jusqu’à leur mariage et la création de la Hogarth Press, une maison d’édition anglaise ayant eu court de 1917 à 1946 avant d’être intégrée à un groupe plus important.

De quoi me familiariser avec une femme en avance sur son temps mais en proie à des démons qu’elle semble avoir eu beaucoup de mal à mettre de côté…
Mrs Dalloway – Virginia Woolf
Résumé : « Mrs Dalloway dit qu’elle se chargerait d’acheter les fleurs. » De cet incipit, resté aussi célèbre que ceux de Camus ou Nabokov, découle la journée d’une femme, Clarissa Dalloway, au rythme des heures qui s’égrainent, entraînant le lecteur dans les sinuosités joyciennes de son inconscient et de ses monologues introspectifs.
À contre-sens des canons de la littérature victorienne, Mrs Dalloway n’en reste pas moins, en dépit de son avant-gardisme, un des romans les plus appréciés de Virginia Woolf, celui dont elle dira, dans son Journal d’un écrivain, qu’elle y avait exprimé « bien plus complètement que de coutume ce qu’elle voulait dire ».
Outre une technique d’écriture novatrice, Mrs Dalloway se propose de « critiquer le système social, le montrer à l’œuvre dans toute son intensité ». Virginia Woolf pose un regard critique sur la condition bourgeoise, l’évolution des mœurs, l’avenir des femmes, mais aussi sur la folie à travers le personnage de Septimus.
Mrs Dalloway, qui n’a rien perdu de sa modernité, ouvre par effet de miroir quelques portes d’entrée dans la psyché de son auteur.
Mon avis : Mes sentiments, à la lecture de Mrs Dalloway, n’ont cessé d’évoluer au fil des pages. J’oscillais régulièrement entre incompréhension, compréhension, sentiment de folie, de beauté, de génie. C’est peut-être ce qui fait tout le charme de cette oeuvre : les sentiments qu’elle suscite.
On y découvre 24h dans une journée londonienne, 24h de la vie d’une femme, Mrs Dalloway flânant, s’inquiétant, préparant la soirée du soir qu’elle organise chez elle. 24h durant lesquelles le lecteur passe de pensées en interrogations en doutes et en douleurs et regrets, de personnages en personnalités. J’ai eu l’impression, souvent déstabilisante, de m’être transformée en abeille butinant les pensées au gré du vent.
En refermant le livre, l’impression qui demeure, c’est cette incroyable faculté de comprendre et appréhender les diverses individualités car plus que Mrs Dalloway, ce sont les pensées de toute une classe sociale que l’on découvre dans leur intimité et leur faiblesse.
En bref : un roman difficile à appréhender mais riche et très émouvant.
Je te dois tout le bonheur de ma vie – Carole d’Yvoire
Résumé : « Bloomsbury m’enchante, il est la vie même. »
Dans un récit inédit, vivant et abondamment illustré, Carole d’Yvoire raconte les premières années et la rencontre de deux êtres fascinants : Virginia Stephen et Leonard Woolf, dont l’union sera symbolisée en 1917 par la naissance de la maison d’édition Hogarth Press.
Sont ainsi célébrés dans ce texte émouvant une période activité artistique foisonnante et ceux qui, face au tragique, choisissent l’affirmation de la vie, d’une « vie intense et triomphante ».
Mon avis : Avec Je te dois tout le bonheur de ma vie, Carole d’Yvoire retrace l’histoire d’amour entre Léonard Woolf et Virginia Stephen devenue Woolf. Elle croise les récits, carnets de vie et lettres de ces deux personnages qui ont laissé une empreinte indélébile dans le Londres du début du XXe siècle.
Lorsque j’ai craqué sur ce magnifique objet, je ne m’attendais pas du tout à ça. Je m’attendais à une sorte d’étude romancée illustrée. Mais non. Avec ce livre, vous plongerez dans une étude historique en bonne et due forme avec des sources et une bibliographie fournies et s’appuyant sur les témoignages recoupés de Virginia et Léonard.
Passée la surprise, je dois dire que c’est un livre intéressant. A la fois sur la période du début XXe en Angleterre que je ne connaissais qu’à travers Downton Abbey, mais aussi (et surtout) à propos de Virginia Woolf. Une auteure classique dont je ne savais rien. J’y ai appris les pertes successives auxquelles elle a du faire face en un laps de temps court, les crises d’angoisse (ou de folie, apparemment son mal n’a jamais été qualifié) qui la faisait sombrer pendant des semaines voire des mois dans de terribles phases de dépression, et surtout cet amour qu’elle partage avec Léonard Woolf. Un amour totalement innovant pour une époque encore empreinte de traditionalisme.
Le livre contient également les deux nouvelles qui ont donné lieu à la première publication de leur maison d’édition la Hogarth Press : Trois juifs de Léonard et La marque sur le mur de Virginia.
En bref : un livre très instructif dans lequel on découvre des choses étonnantes et la force d’un amour entre deux personnalités très particulières.
Avez-vous déjà lu des livres de Virginia Woolf ? Quelles impressions en avez-vous eu ? Cette période historique, foisonnante d’idées nouvelles, vous attire-t-elle ? Dites-moi tout !
J’ai envie de découvrir ses romans après avoir lu ton article 😉
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Ce ne sera pas une perte de temps 😀
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J’aime beaucoup cette auteure même si j’ai du mal avec ses romans, je préfère ses essais. J’ai lu Un lieu à soi (la traduction de Marie Darrieussecq est très bien) qui est vraiment incontournable ainsi que ces textes sur l’écriture, intéressants aussi à lire si on est s’intéresse au sujet 🙂 .
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Je me pencherai sur ses essais alors. Je pense que pour ses romans, il faut vraiment se préparer mentalement en fait mais je pense bien lire Un lieu à soi un jour 🙂
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J’ai lu Mrs Dalloway il y a quelques années, je ne m’en rappelle plus très bien. Ton article (très intéressant au passage !) me donne bien envie de redécouvrir cette autrice ^^
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Merci 😀 Oui c’est une auteure difficile à comprendre mais l’étude de Carole d’Yvoire nous donne les bonnes pistes pour mieux appréhender ses romans notamment !
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Je note pour cet essai, pourquoi pas le lire en parallèle d’un roman de Virginia Woolf ^^
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Virginia woolf est l’une de mes autrices préférées, j’ai ressenti exactement le même sentiment que toi pour Mrs Dalloway , je trouve l’écriture de l’autrice dingue de poésie. je me souviens avoir été touchée par tous les personnages de ce livre. J’ai lu celui de Carole d’Yvoire il y a peu et je trouve que c’est un bon livre d’introduction avant d’attaquer Virginia Woolf. de Woolf j’ai lu promenade vers le phare qui est très autobiographique que j’ai beaucoup aimé. Alors il y a une très très grande lenteur dans ce livre mais certains passages sont vraiment incroyables.
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Comme tu dis, peut-être que les adeptes de Virginia Woolf ne trouveront pas plus dans l’étude de Carole d’Yvoire mais c’est une bonne introduction et cela permet de donner quand même quelques clés de compréhension de son oeuvre (ce qui n’est pas négligeable avec des auteures comme elle ^^). Je retiens Promenade vers le phare alors, merci 😉
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C’est marrant, ça me rappelle tout ce qui m’avait mis mal à l’aise à la lecture de To the lighthouse. Mais avec de la maturité en plus, je comprendrais peut-être mieux ? À retenter donc 😊
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