L’écliptique – Benjamin Wood : de l’art à la folie, il n’y a qu’un pas

41ax3Ucm+6L._SX311_BO1,204,203,200_Merci aux éditions Robert Laffont et NetGalley pour cette superbe découverte.

Dès ma découverte du résumé de L’Ecliptique, ma curiosité a été piqué au vif. L’art, le processus créatif, l’illusion et la réalité sont des thèmes qui me parlent beaucoup en littérature générale et c’est avec beaucoup d’enthousiasme que j’ai commencé cette lecture. Au fil des pages, j’ai découvert un roman envoûtant que j’ai difficilement réussi à refermer le soir avant d’aller me coucher. Mais avant de vous en dire plus sur mon ressenti, je vous laisse découvrir le résumé.

Résumé : 1972, sur l’île de Heybeliada au large d’Istanbul, le refuge de Portmantle accueille des artistes en burn-out. Knell, talentueuse peintre écossaise, y vit depuis une dizaine d’années quand son quotidien est chamboulé par l’arrivée de Fullerton, un nouveau venu instable, qu’elle retrouve bientôt noyé dans sa baignoire. Cet événement l’oblige à considérer d’un oeil différent ce refuge régi par des lois singulières. Elle replongera aussi dans sa jeunesse en Écosse et dans ses années de formation dans le Londres des sixties.
Après le succès du Complexe d’Eden Bellwether, Benjamin Wood s’interroge, dans ce nouveau roman, sur la question de l’intégrité artistique et des conséquences parfois tragiques qu’elle peut engendrer, et sur la fragilité insoupçonnée de la frontière entre réalité et illusion. Doué d’une plume hypnotique qu’il met au service de personnages fascinants, il confirme ici tout son talent pour happer et surprendre le lecteur. (Babelio)

Lorsque j’ai commencé les premières pages de ce livre, la plume de Benjamin Wood m’a totalement conquise. Ni trop, ni trop peu, il dresse un portrait des personnages et de leur refuge dans une première partie qui aurait pu être longue mais qui passe relativement vite. C’est surtout dû aux questions que l’on se pose. Si vous avez lu le résumé comme moi, il y a de quoi s’en poser dans un passage où tout semble aller parfaitement bien, dans un cadre totalement idyllique pour tout créatif. Je me suis surprise une nombre incalculable de fois à rêver d’un endroit identique pour travailler et écrire même si, je le reconnais, il est nécessaire de côtoyer le monde pour les créatifs (notre côté contradictoire assumé). Des questions, je m’en suis posée. Tout au long de la première partie, attendant cette illusion qui ne venait pas, décortiquant le moindre détail, jusque dans la deuxième partie où j’essayais de connecter les éléments. Une deuxième partie un peu longue quant à elle mais terriblement nécessaire à la fin du récit qui, même si j’en suis venue à le sentir venir, m’a laissé subjuguée.

Je n’aime pas trop me forcer à réfléchir lorsque je lis un livre. C’est sans doute pour ça que je n’aime pas les thrillers et les polars avec lesquels mon cerveau semble obligé de débusquer l’assassin. Au contraire, j’adore les livres durant lesquels mes neurones se mettent en action seuls, de manière presque instinctives et font un job fabuleux de connexions. Ce fut le cas avec L’écliptique.

Les thèmes du processus créatif et de la folie sont filés à travers tout le récit. Ou plutôt, Benjamin Wood passe du processus créatif à celui de la folie. Une idée intéressante car grand nombre d’artistes ont subi cette dérive, à la recherche de la muse, de l’oeuvre d’art au sein même de la roche aspiré peu à peu vers la recherche infinie et l’impossible création. Pourtant, ce n’est qu’un point de vue qui amène à la réflexion. Depuis quelques mois, « l’inspiration » est un sujet sur lequel je me suis penchée et si, à une certaine époque, le manque d’inspiration pouvait conduire à la folie, je crois qu’aujourd’hui c’est bien différent. Notre environnement est tellement rempli d’idées à l’état brut qu’il suffit de tendre la main pour en attraper ne serait-ce qu’une. Le tout étant de la mettre en forme ensuite qui demande un travail organisé et surtout beaucoup de passion. Je vous conseille de lire l’article de l’auteur Jean-Sebastien Guillermou à propos de l’inspiration, très intéressant.

Lire ou ne pas lire : L’écliptique de Benjamin Wood ?

L’écliptique est un livre que je me ferai un plaisir de conseiller à tous et toutes qui aiment l’art, l’histoire de l’art, le processus créatif, l’illusion et la folie. Le lecteur plonge complètement dans la façon de peindre de l’héroïne, bute avec elle durant ses moments de doute, se réjouit avec elle durant ses succès et vibre avec elle lorsque la fièvre créatrice s’empare d’elle. C’est un livre beau et terrible à la fois qui m’a totalement transportée.

Conclusion (3)

11 réflexions sur “L’écliptique – Benjamin Wood : de l’art à la folie, il n’y a qu’un pas

  1. Merci pour le conseil de lecture, le livre a l’air effectivement passionnant ! Et merci pour le lien, c’est toujours un plaisir que d’échanger à propos de la création, on pourrait passer mille ans à parler de ce sujet sans en avoir fait le tour…

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    • Effectivement, c’est un sujet passionnant que ce soit dans son évolution historique (et philosophique) que dans la multitude d’interprétations que l’on peut en avoir. Selon moi, chacun à son propre processus créatif qui lui permet d’avancer dans sa tâche mais très souvent, il relève du besoin essentiel de créer. Vaste sujet à explorer avec bonheur à chaque fois !

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      • Un film m’avait particulièrement ému à ce niveau : « Dans l’ombre de Marie ». Le long-métrage raconte comment Walt Disney a rencontré pour la première fois Pamela Travers, l’auteure de « Mary Poppins », une femme odieuse et très acariâtre qui refusait que son livre soit adapté par Disney, dont elle méprisait les dessins-animés ! Le film débute comme une comédie mais en même temps on suit dans des flashbacks l’enfance de Pamela Travers, et doucement le film se fait plus dramatique à mesure que Walt Disney réalise que l’histoire de Mary Popins a été en grande partie inspirée par une enfance malheureuse… C’est un film qui m’arrache des larmes à chaque nouvelle vision, et que je recommande chaudement car le besoin essentiel de créer est le cœur de cette histoire…

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  2. Je crois bien que c’est le genre de livre sur lequel je ne me serais jamais penché sans ton article! J’avoue que je ne suis pas encore vraiment décidée mais c’est sûr que tu m’as rendue curieuse!

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    • Ah ?… Pour ma part je pressentais une partie de la fin, du coup je pense qu’une plus longue aurait été…un peu long à mon sens, mais c’est une question de feeling j’imagine 🙂

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