[Rentrée Littéraire] Mazie, Sainte patronne des fauchés et des assoiffés – Jami Attenberg

IMG_20160812_093152C’est Mazie qui ouvre le bal de mes chroniques concernant les livres de la rentrée littéraire. Et quelle entrée en matière! Quand j’ai lu le résumé de ce livre, je me suis dit qu’il pouvait être sympathique, que ça changerait un peu de l’ordinaire. Et je ne croyais pas si bien dire car c’est un coup de coeur (et vous savez combien je suis difficile en coup de coeur). Je remercie donc chaudement les Editions Les Escales de m’avoir permis de découvrir un si beau livre, qui, je l’espère fera parler de lui car il le mérite.

Résumé : Personnage haut en couleur, Mazie Phillips tient la billetterie du Venice, cinéma new-yorkais du Bowery, quartier populaire du sud de Manhattan où l’on croise diseuse de bonne aventure, mafieux, ouvriers, etc. Le jazz vit son âge d’or, les idylles et la consommation d’alcool – malgré la Prohibition – vont bon train. Mazie aime la vie, et ne se fait jamais prier pour quitter sa « cage » et faire la fête, notamment avec son amant « le capitaine ».
Avec l’arrivée de la Grande Dépression, les sans-abri affluent dans le quartier et la vie de Mazie bascule. Elle aide sans relâche les plus démunis et décide d’ouvrir les portes du Venice à ceux qui ont tout perdu. Surnommée « la reine du Bowery », elle devient alors une personnalité incontournable de New York.
Dans ce roman polyphonique, Jami Attenberg nous fait découvrir Mazie – dont on entend la gouaille à travers les lignes de son journal intime –, mais aussi Soeur Ti, son unique amie, sa soeur Jeanie, l’agent Mack Walters, porté sur la bibine et qui aime flirter avec elle… Le lecteur découvre, fasciné, une personnalité hors du commun et tout un monde bigarré et terriblement attachant. 

Une construction originale au service des émotions

Mazie n’est pas un roman comme les autres. Vous ne trouverez pas dedans un début, un milieu, une fin. Enfin si, mais le début, le milieu et la fin d’une vie. Le roman est une juxtaposition de témoignages étroitement liés par la présence unique et incessante de Mazie Phillips-Gordon. Que ce soit son propre journal intime, son autobiographie, l’interview de son ancien voisin ou du fils de son amant « Le Capitaine », tous parlent d’elle, cette fille troublante, un peu seule, un peu triste, qui ne s’est jamais vraiment trouvée sauf quand elle donnait le fond de son porte-monnaie aux sans-abris.

Cette façon de faire est extrêmement intelligente de la part de Jami Attenberg car elle permet un vrai dynamisme du récit. On ne s’ennuie pas lorsque l’on plonge entre les pages de Mazie Sainte patronne des fauchés et des assoiffés. De toute façon, on ne peut pas s’ennuyer avec Mazie. Si elle se cherche tout au long de sa vie, on aperçoit d’elle différentes facettes. Il n’y a pas seulement la femme qu’elle voit dans un miroir entre les pages de son journal, il y a également le regard des autres et c’est important lorsque l’on essaye de se faire une image de quelqu’un car souvent, on est trop dur avec nous-même. Ces autres la voit resplendissante, toujours plus chaque jour malgré les années qui passent. Ils voient en elle une sainte, une reine. Elle, elle se voit comme une femme perdue, un oiseau en cage rêvant désespérément de liberté et qui la trouve finalement la nuit en aidant les sans-abris.

Une sainte qui n’en est pas une

Mazie ne se voit définitivement pas comme une sainte. Et elle n’a sans doute pas tort. Elle côtoie la misère depuis son plus jeune âge. Elle même n’a pas atterri dans une famille parfaite. Elle aime se promener dans le Bowery de Manhattan quand elle devrait être à la maison avec sa grande soeur qui l’élève. En grandissant, elle aime boire. Encore plus lorsque c’est interdit. Et elle s’envoie en l’air, parce-qu’elle se sent moins seule comme ça. Mais lorsqu’un attentat se produit, elle est la première sur place pour aider les victimes. Elle ne supporte pas le malheur, ni la misère. Peut-être qu’ils lui renvoient une image d’elle-même qu’elle veut oublier.

La solitude est un thème récurent. Dans chacun des témoignages, dans chacun des destins que l’on croise dans ce récit : tous ont une part de solitude qu’ils assument ou non. Difficile d’assumer la solitude. Ce n’est pas seulement un fait, comme pour les sans-abris, c’est aussi un état d’esprit, comme pour les soeur Phillips. Difficile de ne pas s’attacher à de tels personnages, vraiment très difficile.

Lire ou ne pas lire : Mazie Sainte patronne des fauchés et des assoiffés de Jami Attenberg ?

La réponse est claire : lisez-le ! Ce livre est un gros coup de coeur parce-qu’il est touchant. Les personnages, et notamment Mazie, sont bouleversants. Sans rien comprendre de ce qui m’arrivait, j’ai fini par me demander si cette Mazie avait vraiment existé. Peut-être bien que oui… Je me suis retrouvée dans ce New-York des années 20, bien ancré dans l’histoire et j’y ai cru dur comme fer. Moi aussi, j’ai été un témoin de la vie de Mazie et s’il le faut, je témoignerai.

Ma note : 20/20

13 réflexions sur “[Rentrée Littéraire] Mazie, Sainte patronne des fauchés et des assoiffés – Jami Attenberg

    • Merci ! Difficile d’écrire quand on a vraiment eu un coup de coeur car les mots ne sont jamais assez forts pour retranscrire les émotions, si j’ai pu suscité ton envie j’en suis déjà très contente !

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